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Angéline de Montbrun

Laure Conan

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Description

On a souvent dit de Laure Conan (pseudonyme de Félicité Angers, 1845-1924) qu’elle était la première écrivaine au Québec, celle qui aurait en quelque sorte ouvert la voie, et ce, bien en amont, aux Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais et Anne Hébert qui marqueront, pour leur part, le XXᵉ siècle littéraire. Si nos connaissances sur la littérature canadienne-française du XIXᵉ siècle nous permettent dorénavant de nuancer ce constat, faisant resurgir les noms et les visages de Louise-Amélie Panet, d’Odile Cherrier et de Clara Chagnon, il n’en demeure pas moins que l’autrice d’Angéline de Montbrun fut parmi les premières à questionner et à soupeser le sens et les enjeux d’une carrière littéraire au féminin, et plus encore, les possibles et les contraintes de l’écriture des femmes. Déjà, dans une lettre adressée à l’abbé Casgrain et datée du 9 décembre 1882, Conan confessait qu’elle « éprouv[ait] encore le besoin de [s]e justifier d’avoir essayé d’écrire ». Nulle justification chez l’héroïne de son roman-phare, Angéline de Montbrun, mais plutôt de curieux silences, entrecoupés de prises de paroles enflammées qui supposent les tensions d’une voix féminine qui se lamente, certes, mais qui se cherche également, et s’invente au fur et à mesure des jours et des heures qui passent.

Situé à la croisée des chemins, fourmillant de codes esthétiques divers empruntés aux traditions romanesques française, anglaise et canadienne-française, Angéline de Montbrun annonce, à bien des égards, les expérimentations littéraires de la première moitié du XXᵉ siècle. Le récit, organisé en trois sections différentes (un échange épistolaire, un journal intime et, entre les deux, l’intervention à la troisième personne d’une voix auctoriale qui vient rejouer les cartes de l’histoire), est marqué du sceau de la fragmentation formelle. Les personnages féminins rythment la cadence de l’intrigue, concentrant tous les discours sur leurs affects, leurs rêves interrompus et les non-dits complexes des relations humaines. Dans la première partie, Angéline, presque muette, laisse sa meilleure amie Mina raconter les beaux jours de Valriant et les dilemmes amoureux que chacun des habitants du domaine de Charles de Montbrun semble vivre intérieurement. Et puis, un jour, le drame survient : un fusil chargé qui tire, une énigmatique maladie, des départs et des regrets. Là commence le « deuxième roman » de Laure Conan, concentré autour d’une héroïne solitaire qui arpente le paradis perdu de Valriant et qui confie ses souvenirs, ses douleurs et ses espoirs dans des feuilles détachées d’une richesse discursive rarement égalée.

Choix d'études

Alexandre L. Amprimoz, « Signification de la multiplicité formelle de Angéline de Montbrun de Laure Conan », dans Studies in Canadian Literature/Études en littérature canadienne, vol. 9, n° 2 (1984), p. 144-158.

Marie-Andrée Beaudet, « Laure Conan à l’épreuve du livre de piété : Hétéronomie et individuation dans la littérature québécoise du dix-neuvième siècle », dans Voix et images, vol. 32, n° 3-96 (printemps 2007), p. 59-74.

Mylène Bédard, Virginie Fournier, Ariane Gibeau and Adrien Rannaud (dir.), dossier « Contemporanéités d’Angéline de Montbrun et de Laure Conan », Voix et images, vol. 44, n° 1 (130), 2018, p. 7-116.

Francine Belle-Isle Létourneau, « Laure Conan ou l'anonymat sexuel. Essai d'étude psychocritique », mémoire de maîtrise, Département des littératures, Université Laval, 1977, 173 f.

Nicole Bourbonnais, « Angéline de Montbrun, de Laure Conan : œuvre palimpseste », dans Voix et images, vol. 22, n° 1-64 (automne 1996), p. 80-94.

André Brochu, « Le cercle et l’évasion verticale dans Angéline de Montbrun, de Laure Conan », dans Études françaises, vol. 1, n° 1 (février 1965), p. 90-100.

Henri-Raymond Casgrain, « Étude sur Angéline de Montbrun », dans Laure Conan, Angéline de Montbrun, Québec, Léger-Brousseau, 1884, p. 5-24.

Madeleine Gagnon-Mahony, « Angéline de Montbrun : le mensonge historique et la subversion de la métaphore blanche», dans Voix et images du pays, vol. 5 (1972), p. 57-68.

Jean-Cléo Godin, « L’amour de la fiancée dans Angéline de Montbrun », dans Lettres et écritures, vol. 1, n° 3 (mars 1964), p. 14-19.

Roger Le Moine, « Laure Conan et Pierre-Alexis Tremblay », dans Revue de l’Université d’Ottawa, vol. 36, n° 2 (avril-juin 1966), p. 258-271 et n° 3 (juillet-septembre 1966), p. 500-528.

Gilles Marcotte, Une littérature qui se fait, Montréal, HMH, 1994 [1968], p. 38-41.

Gabrielle Poulin, « Angéline de Montbrun ou les abîmes de la critique », dans Revue d’histoire littéraire du Québec et du Canada français, n° 5 (hiver-printemps 1983), p. 125-132.

Fernand Roy, « L’histoire dans les romans de Laure Conan. Lecture sémiotique de l’idéologie de la langue gardienne de la foi », dans Voix et images, vol. 25, n° 2-74 (hiver 2000), p. 328-348.

Patricia Smart, « Angéline de Montbrun ou la chute dans l’écriture », dans Écrire dans la maison du père. L’émergence du féminin dans la tradition littéraire du Québec, Montréal, XYZ éditeur, 2003, p. 39-90.

Notes sur l’édition

Date de parution : Angéline de Montbrun a été publié pour la première fois en feuilleton dans la Revue canadienne en 1881-1882. Une première édition en volume paraît en 1884, suivie de trois rééditions (1886, 1905 et 1919). Pour plus de détails sur les premières éditions du texte, se référer à l’édition critique des Presses de l’Université de Montréal.

Texte de référence : Laure Conan, Angéline de Montbrun, édition critique établie par Nicole Bourbonnais, Montréal, Presses de l’Université de Montréal (Bibliothèque du Nouveau Monde), 2008, 444 p.

Établissement du texte : Le texte que nous reprenons est conforme à l’édition de référence des Presses de l’Université de Montréal. Il ne comprend toutefois que le texte de l’autrice Laure Conan, sans l’appareil critique (commentaires, notes, variantes et appendices) de Nicole Bourbonnais. Les notes en fin de texte sont donc des précisions apportées par Laure Conan elle-même.
Ce texte est fondé sur l’édition en volume de 1919 (la quatrième et dernière édition revue par l’auteure). Il respecte la langue de l’époque de Conan et préserve ainsi les tournures et graphies archaïques (comme « grand’mère ») tout en normalisant l’usage des signes typographiques (trait d’union, accent circonflexe, accentuation des majuscules) et en rectifiant les coquilles évidentes.
Les seules modifications introduites à l’occasion de cette édition numérique visaient, en de rares cas, à rectifier des coquilles subsistantes, en conformité avec les intentions éditoriales de Nicole Bourbonnais et des Presses de l’Université de Montréal.

Accès au texte de l'œuvre en version brute (format markdown) : conan-angeline-de-montbrun.md

Date de publication de l'édition numérique : 2020

ISBN de l'édition numérique : 978-2-924446-20-1

DOI de l'édition numérique : https://doi.org/10.47123/WLAX8791