Description
À une époque où les romanciers ont tendance à glorifier le travail de la terre et les valeurs qui lui étaient associées, La Scouine, d’Albert Laberge, apparaît comme un ovni dans le paysage littéraire québécois. En présentant les tribulations de la famille Deschamps, l’auteur jette en effet un éclairage cru et sans complaisance sur les mœurs des habitants des campagnes, dont la pauvreté matérielle, intellectuelle et affective se voit constamment réaffirmée. Au fil des trente-quatre scènes qui composent cet ouvrage à la structure assez lâche, deux figures s’imposent graduellement : celles de Charlot, dit le Cassé, et de sa sœur Paulima, surnommée la Scouine, femme avare, rancunière, manipulatrice et bornée. Symbole par excellence du monde sordide dans lequel ils évoluent, où la nature elle-même semble cruelle et dépourvue d’empathie, le motif du « pain sur et amer marqué d’une croix » est repris à une vingtaine de reprises dans le roman. Œuvre iconoclaste, La Scouine est tour à tour conspuée, ignorée et encensée par la critique. En 1909, un fragment du roman en préparation, publié sous forme de nouvelle dans un hebdomadaire, encourt la condamnation publique de l’archevêque de Montréal, monseigneur Paul Bruchési, pour qui le texte s’apparente à de l’« ignoble pornographie ». En 1918, édité à compte d’auteur et tiré à une soixantaine d’exemplaires, le roman passe pratiquement inaperçu. C’est d’ailleurs aussi le cas des œuvres subséquentes de Laberge (nouvelles, critiques et proses poétiques), toutes publiées de la même façon. En 1962, la publication de l’Anthologie d’Albert Laberge, de Gérard Bessette, confère à l’auteur une certaine notoriété posthume. À partir des années 60, le roman est plusieurs fois réédité. Parfois l’objet d’éloges dithyrambiques, souvent considérée comme un anti-roman de la terre, La Scouine n’en est pas moins régulièrement critiquée pour ses évidentes maladresses stylistiques.
Choix d'études
Gérard Bessette, « Préface », dans Anthologie d’Albert Laberge, Ottawa, Le cercle du livre de France, 1962, p. I-XXXV.
Jacques Brunet, « La Scouine d’Albert Laberge », dans Paul Wyczynski, Bernard Julien et Jean Ménard (dir.), Archives des lettres canadiennes : tome II, L’école littéraire de Montréal, Montréal, Fides, 1963, p. 201-211.
Jacques Brunet, Albert Laberge, sa vie et son œuvre, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1969.
Co-Incidences, vol. 3, n° 3 (1973). [dossier consacré à Laberge]
Gilles Dorion, « La Scouine, roman d’Albert Laberge », dans Maurice Lemire (dir.), Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec : tome II, 1900-1939, Montréal, Fides, 1987, p. 993-998.
John W. Lennox, « La Scouine : Influences and Significance », dans Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne, vol. 5, n° 1 (printemps 1980), p. 47-62.
Gabrielle Pascal, Le défi d’Albert Laberge, Montréal, Aquila, 1976.
Jacques Pelletier, « La Scouine, avatar du naturalisme », dans Cahier nature, n° 51 (1977), p. 91-96.
Thuong Vuong-Riddick, « Une relecture de La Scouine », dans Voix et images, vol. 3, n° 1 (1977), p. 116-126.
Paul Wyczynski, « Introduction », dans Albert Laberge, La Scouine, édition critique établie par Paul Wyczynski, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1986, p. 7-53.
Notes sur l’édition
Date de parution : L’œuvre littéraire La Scouine a été publiée pour la première fois en 1918 en édition privée et tirée à soixante exemplaires. En 1968, paraît une reproduction photographique de la première édition, toutefois retirée du commerce peu de temps après. Puis, en 1972 et 1980, des rééditions du texte de 1918 sont publiées. Pour plus de détails sur ces différentes éditions, se référer à l’édition critique des Presses de l’Université de Montréal.
Texte de référence : Albert Laberge, La Scouine, édition critique établie par Paul Wyczynski, Montréal, Presses de l’Université de Montréal (Bibliothèque du Nouveau Monde), 1986, 300 p.
Établissement du texte : Le texte que nous reprenons est conforme à l’édition de référence des Presses de l’Université de Montréal. Il ne comprend toutefois que le texte de l’auteur Albert Laberge, sans l’appareil critique (commentaires, notes, variantes et appendices) de Paul Wyczynski. Le texte établi par ce dernier est fondé sur l’édition de 1918 (la toute première édition). Il respecte la langue de l’époque de Laberge et préserve ainsi les tournures et graphies archaïques (comme « grand’mère » et « grand’messe ») tout en normalisant l’usage des signes typographiques (trait d’union, accent circonflexe, accentuation des majuscules) et en rectifiant les coquilles évidentes. Les seules modifications introduites à l’occasion de la présente édition numérique visaient, en de rares cas, à rectifier des coquilles subsistantes, en conformité avec les intentions éditoriales de Paul Wyczynski et des Presses de l’Université de Montréal.
Accès au texte de l'œuvre en version brute (format markdown) : laberge-scouine.md
Date de publication de l'édition numérique : 2020
ISBN de l'édition numérique : 978-2-924446-17-1
DOI de l'édition numérique : https://doi.org/10.47123/TWZH7974